Depuis que Maxime est entré à l’université, il est passionné par le programme de psychologie et il rêve de devenir psychologue. Sa soif de connaissance l’encourage à apprendre et à s’impliquer dans son parcours scolaire. Quant à elle, Salma aspire à devenir médecin depuis son plus jeune âge. Cependant, après avoir été refusée du programme de médecine, Salma s’est inscrite en psychologie afin d’augmenter ses notes. Maxime et Salam semblent motivé·e·s à réussir leurs études, mais pas nécessairement pour les mêmes raisons.
Lorsqu’être motivé n’est pas toujours favorable
Plusieurs études suggèrent que la motivation est un concept avec plusieurs dimensions, c’est-à-dire qu’une personne peut ressentir différents types de motivation envers l’école. Lorsqu’un élève n’a aucun intérêt à participer à ses cours et n’a donc aucune raison particulière d’être motivé par l’école, c’est ce qu’on nomme l’amotivation. Avec ce type de motivation, l’élève se trouve plus à risque de désengagement et de décrochage vis-à-vis ses études. En effet, une personne qui entretient ce type de motivation a tendance à vivre davantage de symptômes anxieux et dépressifs, ce qui peut entrainer éventuellement des conséquences négatives sur la réussite scolaire.
Depuis son refus en médecine, Salma a souvent de la difficulté à se motiver, car ses cours de psychologie ne l’intéressent pas. Ainsi, elle est animée par une motivation contrôlée qui peut se caractériser par l’accomplissement d’activité pour des causes internes et externes. La motivation de Salma à étudier dérive souvent d’un sentiment d’obligation à performer pour obtenir des notes élevées ou pour éviter des émotions désagréables comme la culpabilité ou la honte. De plus, la pression peut provenir de son entourage scolaire, familial et amical, par exemple, les parents de Salma souhaitent qu’elle devienne médecin. Conséquemment, avoir une motivation contrôlée peut être lié à une diminution du bien-être, faisant place à l’anxiété. La plupart des récentes études n’ont pas trouvé de lien entre la motivation contrôlée et la performance scolaire. Ainsi, ce type de motivation ne mène pas nécessairement à de meilleurs résultats.
Par amour pour l’apprentissage
Depuis son entrée à l’université, Maxime se sent plus épanoui et il ressent davantage de bien-être. Il entreprend des activités en lien avec ses études en psychologie puisqu’il est motivé par son intérêt à apprendre et il éprouve du plaisir à acquérir de nouvelles connaissances. Maxime est stimulé dans ses études universitaires par la motivation autonome qui favorise et promeut les apprentissages et l’engagement scolaire. Ainsi, ce type de motivation est associé à la réussite scolaire, la persévérance et une bonne santé mentale. La motivation autonome est aussi vécue lorsque nous sommes engagé·e·s à l’école à cause de valeurs et de buts que nous avons intériorisés. Maxime n’est pas nécessairement passionné par son cours d’histoire de la psychologie, mais il sait que pour devenir psychologue, il doit réussir le cours.
La motivation scolaire a un rôle important dans la performance et le bien-être de l’élève. À travers son développement, les expériences d’un individu seront formées en partie par ce qu’il vit à l’école et à la maison, il est donc essentiel qu’il se sente bien dans ces contextes. Ainsi, en favorisant le rôle de la motivation autonome dans les milieux scolaire et familial, on priorise le bien-être.
Figure 1. Le schéma ci-haut présente le concept de la motivation et ses multiples dimensions.
L’autonomie au cœur de l’environnement familial et scolaire
Nos motivations peuvent devenir plus autonomes par l’influence de notre environnement. Un milieu qui permet à l’individu de répondre à son besoin psychologique fondamental d’autonomie peut appuyer sa volonté d’agir selon ses propres valeurs. Lorsque son autonomie est soutenue, l’individu a la possibilité d’avoir ses propres opinions et perspectives ainsi que de faire des choix lui appartenant. Ainsi, la satisfaction de ce besoin psychologique serait associée à la motivation autonome. Lorsqu’un parent ou un·e enseignant·e offre un encadrement qui contribue au développement de l’autonomie, cela permet à l’individu de se sentir écouté et de partager ses expériences vécues sans crainte ni jugement.
Par exemple, lorsque les enseignant·e·s leur permettent de faire une présentation orale ou un travail écrit sur le sujet de leur choix, ils·elles soutiennent l’autonomie de leurs élèves. Du primaire à l’université, un·e enseignant·e offrant un environnement de classe où les élèves peuvent exprimer leurs opinions, faire des choix et prendre des décisions favorise une motivation autonome. Le parent a aussi son rôle à jouer en encourageant son enfant à avoir différents intérêts et à les développer à travers le temps. Une étude récente a démontré qu’une augmentation du soutien à l’autonomie des parents à l’adolescence peut favoriser un changement positif vers une motivation plus autonome. Ainsi, la motivation est malléable et peut changer au fil du temps. Écouter son enfant et reconnaitre ses expériences ainsi que ses émotions sont des exemples d’intervention auprès des enfants qui favoriseront la motivation autonome et diminueront son amotivation.
Vivre différentes motivations… Pourquoi pas ?
Dans les moments plus difficiles, par exemple dans les périodes d’examen, il peut être difficilement concevable d’aimer étudier ou de se rappeler en quoi c’est important. Il est normal de parfois se motiver de manière contrôlée pour terminer un travail, par exemple en se récompensant par son film préféré. On ne peut pas toujours avoir seulement de la motivation autonome. Ainsi, les différents types de motivation peuvent co-exister et l’œuvre unique, qu’est notre parcours scolaire, sera dépeinte à travers les différentes couleurs de la motivation.
Découvre les autrices
Laetitia Gendron
Laurence Trudeau
Laurence et Laetitia sont étudiantes au baccalauréat en psychologie et travaillent toutes deux au sein du laboratoire d’études sur les parcours scolaires et les influences sociales de Marie-Hélène Véronneau, Ph.D., à l’UQÀM. Laurence est particulièrement intéressée par la persévérance et la motivation scolaire des jeunes issu.e.s de centres de protection de la jeunesse (DPJ). De son côté Laetitia s’intéresse principalement à l’environnement scolaire et au bien-être des jeunes. Appart leur intérêts pour la psychologie, elle partage un amour pour l’entraînement physique et les randonnées.