Et si vous perdiez la capacité de reconnaître le visage d’un proche ou de lire une simple page? Pour environ 196 millions de personnes, ce n’est pas un scénario imaginaire, mais une réalité imposée par la dégénérescence maculaire liée à l’âge. Insidieuse, cette maladie détruit progressivement la vision centrale. Elle prive les individus de bien plus que leur vue : leur autonomie, leurs passions et parfois même leur identité. D’ailleurs, cette maladie progresse souvent lentement, presque imperceptiblement, jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Cela étant dit, devons-nous vraiment nous résigner à ce sombre avenir?
Perdre la vision centrale à cause de la dégénérescence maculaire liée à l’âge n’est pas une fatalité inéluctable. En effet, le stress oxydatif, causé par un surplus de molécules nocives, appelées radicaux libres, contribuerait grandement au développement de cette maladie. C’est pourquoi des gestes simples comme arrêter de fumer, privilégier une alimentation riche en antioxydants et consulter un ophtalmologue peuvent freiner sa progression. Sans ces actions préventives, la dégénérescence maculaire liée à l’âge peut entraîner une perte d’autonomie et un isolement social. La clé pour protéger votre vision : limiter les effets du stress oxydatif dès aujourd’hui pour préserver votre autonomie demain.
Une maladie à deux visages
Cette maladie oculaire se divise en deux formes principales : la forme sèche, qui concerne environ 85 % des cas, et la forme humide, plus rare, mais nettement plus agressive. Dans la forme sèche, la partie centrale de la rétine (la macula) s’amincit progressivement, et des petits dépôts jaunâtres, appelés drusen, s’accumulent. Ce processus détériore lentement la vision centrale, souvent sur plusieurs années. La forme humide, en revanche, se développe en raison de la formation de nouveaux vaisseaux sanguins anormaux sous la rétine. Ces vaisseaux fragiles peuvent fuir, libérant du sang ou du liquide. Cela peut provoquer des cicatrices qui, sans traitement, peuvent entraîner une perte rapide et irréversible de la vision centrale.
Ce contraste frappant entre une forme lente et insidieuse, et une autre rapide et dévastatrice, met en lumière l’urgence d’un dépistage précoce. Reconnaître les signes avant-coureurs, comme les distorsions visuelles ou les zones floues, permet d’intervenir à temps. Cela est crucial pour les cas de dégénérescence maculaire liée à l’âge de type humide. En effet, certains traitements, comme les injections directement dans l’œil, peuvent ralentir la progression de la maladie, voire la stabiliser. Face à cette dualité, la proactivité et la sensibilisation restent les meilleures armes pour préserver la vision.
L’ombre de nos gènes sur notre santé visuelle
Plusieurs facteurs augmentent le risque de développer la dégénérescence maculaire liée à l’âge. L’âge avancé reste le principal facteur, avec une prévalence croissante à partir de 50 ans. À cela s’ajoute une composante génétique, car certains variants spécifiques, tels que ceux impliqués dans le système du complément immunitaire, augmentent significativement le risque de développer la maladie. Ces mutations perturbent la régulation des inflammations dans l’œil, ce qui peut endommager la rétine et favoriser l’apparition de la malade.
Des traitements qui redéfinissent les perspectives
Bien que la forme sèche de cette maladie rétinienne ne dispose pas encore de traitement curatif, la recherche a permis de mettre au point des interventions visant à ralentir sa progression. Les compléments alimentaires riches en antioxydants, notamment les vitamines C et E, ainsi que le zinc, ont prouvé leur efficacité en réduisant significativement le risque de progression chez les personnes atteintes de dégénérescence maculaire liée à l’âge modérée.
Quant à la forme humide de la maladie, les injections à l’intérieur de l’œil d’anti-VEGF (vascular endothelial growth factor) restent le traitement de référence, bloquant la croissance des vaisseaux sanguins anormaux. Des études ont montré que des médicaments comme le ranibizumab et le bevacizumab sont aussi efficaces l’un que l’autre, même si des questions sur leurs effets secondaires à long terme restent discutées. Ces traitements ont révolutionné le pronostic de la dégénérescence maculaire liée à l’âge humide, permettant à plusieurs patient·e·s de stabiliser leur vision, voire d’en améliorer certains aspects.
Mieux vaut prévenir que guérir
Si les traitements existants offrent de l’espoir, la prévention constitue une stratégie essentielle pour réduire l’impact de la dégénérescence maculaire liée à l’âge. Les recommandations incluent une alimentation riche en antioxydants, particulièrement en légumes verts à feuilles comme l’épinard et en poissons gras riches en oméga-3. Arrêter de fumer et porter des lunettes de soleil pour protéger les yeux des rayons UV figurent également parmi les mesures préventives les plus efficaces.
Une étude menée par la National Eye Institute a montré que la combinaison de vitamines antioxydantes et de zinc, connue sous le nom de formule AREDS (Age-Related Eye Disease Study), peut réduire de 25 % le risque de progression de la dégénérescence maculaire liée à l’âge avancée chez les patient·e·s atteint·e·s. À l’inverse, les facteurs environnementaux augmentent le risque de développer cette maladie oculaire. Le tabagisme, par exemple, le double presque. Une alimentation pauvre en nutriments protecteurs comme la lutéine et la zéaxanthine, que l’on retrouve généralement dans le maïs, affaiblit également les défenses naturelles de la rétine. De plus, des problèmes de santé comme l’hypertension ou le cholestérol élevé sont identifiés comme des facteurs aggravants.
Une vision d’espoir
L’avenir de la lutte contre la dégénérescence maculaire liée à l’âge repose sur des avancées scientifiques et technologiques prometteuses. Des progrès en thérapie génique pourraient permettre de corriger les anomalies génétiques responsables de la maladie ou de ralentir ses mécanismes. De leur côté, les cellules souches ouvrent la voie à la possibilité de remplacer les cellules endommagées de la rétine. L’intelligence artificielle, quant à elle, joue également un rôle clé. Grâce à des algorithmes capables d’analyser des images de l’œil, elle peut détecter les tout premiers signes de la maladie. Ces innovations technologiques pourraient permettre un dépistage à grande échelle et une prise en charge précoce, réduisant ainsi le nombre de cas avancés.
Une maladie à ne pas perdre de vue
La dégénérescence maculaire liée à l’âge est une maladie complexe, dont la prise en charge et la prévention nécessitent une approche multidisciplinaire et globale. Si les traitements actuels offrent des résultats encourageants, il est essentiel de sensibiliser le public aux mesures préventives et d’investir dans la recherche pour développer des solutions curatives. Face à une prévalence en constante augmentation, ces efforts sont indispensables pour préserver la vision et la qualité de vie des générations futures. Prévenir et traiter la dégénérescence maculaire liée à l’âge, c’est préserver notre regard sur le monde.
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Meriem Hamed (elle)
Meriem est étudiante au baccalauréat en sciences biomédicales à l’Université Laval. En plus de son intérêt marqué pour les sciences et la recherche en santé, elle nourrit une passion pour les arts, notamment la photographie. Elle aime capturer des instants de vie, transformant les moments du quotidien en images empreintes d'émotion et de sensibilité.